Lundi, Microsoft a proposé à la communauté du noyau Linux une série de patchs pour faire fonctionner Linux comme partition racine sur Microsoft Hypervisor. « Microsoft veut créer une pile de virtualisation complète avec Linux et Microsoft Hypervisor. Il y aura une série de patchs ultérieurs pour fournir un (/dev/mshv) de sorte que les programmes en espace utilisateur puissent créer et exécuter des machines », a-t-il informé.
Le principal changement est qu'avec le noyau corrigé, Linux fonctionnera comme la partition racine d'Hyper-V. En effet, Hyper-V est une technologie de virtualisation basée sur un hyperviseur pour certaines versions x64 de Windows. Selon Microsoft, l'hyperviseur est au cœur de la virtualisation. C'est la plateforme de virtualisation spécifique au processeur qui permet à plusieurs systèmes d'exploitation isolés de partager une seule plateforme matérielle. Hyper-V prend en charge l'isolation en termes de partition. De quoi s’agit-il réellement ?
Ici, une partition représente une unité logique d'isolation, supportée par l'hyperviseur, dans laquelle les systèmes d'exploitation s'exécutent. Ainsi, l'hyperviseur de Microsoft doit avoir au moins une partition parente, ou racine, exécutant Windows. La pile de gestion de la virtualisation s'exécute dans la partition parente et a un accès direct aux périphériques matériels. La partition racine crée par la suite les partitions enfants qui hébergent les systèmes d'exploitation invités. Elle crée ces partitions enfants en utilisant l'interface de programmation d'application (API) hypercall.
« Il suffit de penser à cela comme le Dom0 de Xen », a déclaré Wei Liu, ingénieur logiciel principal de Microsoft dans le message qu’il a adressé à la communauté lundi. L'architecture d'Hyper-V ressemble plus à Xen qu'à KVM ou à ESXi de VMware. « Nous nous sommes inspirés du code de Xen pour Linux, en particulier pour les interruptions de traitement du code », a reconnu Wei Liu. Jusqu'à présent, la partition racine Hyper-V devait faire tourner Windows. Par ailleurs, Microsoft a également porté l'hyperviseur cloud open source d'Intel.
C’est un moniteur de machine virtuelle (VMM) écrit en Rust qui fonctionne normalement sur KVM, l'hyperviseur intégré au noyau Linux. L'hyperviseur cloud lui-même est actuellement en phase préalpha. Notons que, même si Linux est la partition racine, il fonctionnera toujours au-dessus de l'hyperviseur de Microsoft, une fine couche fonctionnant avec des privilèges de l'anneau -1. Il ne sera cependant plus nécessaire de faire tourner Windows sur cet hyperviseur, ce qui permet à Microsoft d'appeler ce nouvel arrangement « une pile de virtualisation complète avec Linux ».
Au sein de la communauté, l’on estime qu’avec ces changements, Microsoft a probablement en tête l'amélioration de son infrastructure cloud Azure. Sur Azure, plus de machines fonctionnent sous Linux que Windows, selon un rapport de Microsoft lui-même. « Linux fonctionne déjà bien sur Hyper-V avec une partition racine Windows, mais en en faisant une pile Linux complète, on pourrait améliorer les performances », a déclaré Sasha Levin, un développeur Linux chez Microsoft. Selon d’autres, si ces changements arrivent, cela pourrait bien être la plus grande nouvelle pour Linux depuis que Dell a commencé à livrer des ordinateurs portables avec Linux préinstallé.
Microsoft s'efforce aussi d'améliorer le support de Linux dans Windows 10, grâce au sous-système Windows pour Linux (WSL 2), et livre désormais un noyau Linux avec Windows. La prise en charge de l'interface graphique a été promise et WSL 2 utilise également Hyper-V. Par ailleurs, Windows 10 est en passe de devenir un système hybride Windows/Linux, bien qu'à l'heure actuelle, cela intéresse surtout les développeurs.
Source : Patch de Microsoft
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Le , par Bill Fassinou
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