Le Danemark vient de décider de l’interdiction des Chromebooks et de la suite d’outils et de logiciels de productivité Google Workspace dans les écoles en raison des risques de transfert des données. Le tableau ravive le débat sur les possibilités offertes par l’écosystème Linux et l’open source en général afin d’apporter réponse aux besoins des écoles, administrations et autres services publics.
Dans un verdict publié la semaine dernière, l'agence danoise de protection des données, Datatilsynet, a révélé que le traitement des données des étudiants utilisant la suite logicielle Workspace (qui comprend Gmail, Google Docs, Calendar et Google Drive) ne répond pas aux exigences du règlement de l'Union européenne sur la protection des données (GDPR). Plus précisément, l'autorité a constaté que l'accord relatif au traitement des données - ou les conditions générales de Google - autorise apparemment le transfert de données vers d'autres pays dans le but de fournir une assistance, même si les données sont habituellement stockées dans l'un des centres de données européens de Google.
Les ordinateurs portables Chromebook de Google, et par extension Google Workspace, sont utilisés dans les écoles du Danemark. Mais l'agence danoise de protection des données s'est concentrée spécifiquement sur le cas Helsingor pour l'évaluation des risques après que la municipalité a signalé une violation de la sécurité des données personnelles en 2020. Bien que cette dernière décision ne s'applique techniquement qu'aux écoles d'Helsingor pour le moment, Datatilsynet note que bon nombre des conclusions auxquelles elle est parvenue s'appliqueront probablement à d'autres municipalités qui utilisent les Chromebooks et Workspace de Google. Datatilsynet a ajouté qu'elle s'attendait à ce que ces autres municipalités prennent les mesures nécessaires à la suite de la décision prise à Helsingor. L'interdiction prend effet immédiatement à Helsingor.
Le tableau ravive le débat sur les possibilités offertes par Linux et l’open source pour les besoins des écoles, administrations et autres services publics. À titre d’exemple, les autorités de la ville de Grenoble ont, en 2015, présenté leur projet de remplacer les systèmes d’exploitation équipant les appareils dans les écoles de la ville par le système d’exploitation Linux. Quelques mois plus tard, et plus précisément en décembre 2015, la ville de Grenoble a encore annoncé son adhésion à l’association April, ayant pour vocation de défendre et promouvoir les logiciels libres. À travers cette annonce, l’on entrevoyait un renforcement des actions de la ville en faveur du logiciel libre, mais également une volonté de s’appuyer sur l’expertise de sa forte communauté du logiciel libre.
Aussi, pour mettre en œuvre ce projet, une installation expérimentale a lieu dans une école au printemps 2015 et s’est étendue à d’autres écoles dans la période d’octobre à décembre 2015. Face au succès de ce projet pilote, la 16e grande ville de France a fait passer entièrement sur Linux huit autres écoles. Selon le chronogramme, les délais étaient fixés à 2018 pour migrer entièrement les systèmes des écoles publiques de cette ville sur Linux. Dans un premier temps, Ubuntu Linux avait été choisi pour les ordinateurs de bureau et les ordinateurs portables et Debian avait été sélectionné pour les serveurs. Selon les impressions notées par cette dernière, ce passage à Linux semble avoir été facilement accepté aussi bien par les élèves que les enseignants.
Seulement, le constat avec Linux est que le système d’exploitation open source peine à s’imposer dans la filière des ordinateurs de bureau. Du coup, des initiatives comme celle de la ville de Grenoble sont rares. Au sens strict, Linux c’est son noyau, c’est-à-dire cette partie de l’OS qui gère les ressources de l’ordinateur et sert de pont de communication entre les différents composants (matériels et logiciels) ; c’est la partie invisible du système d’exploitation. Au sens large, parler de Linux c’est faire référence à tout système d’exploitation qui s’appuie sur ledit noyau ; c’est l’un des aspects qui fait la particularité de cet OS puisque l’utilisateur peut piquer parmi 319 déclinaisons ou distributions si l’on s’en tient à la liste des LiveCD. Pour monsieur Tout-le-Monde la panoplie de choix est déroutante. Linus lui-même avoue que c’est la raison pour laquelle le système d’exploitation peine à s’imposer dans la filière desktop.
«Je souhaite que nous [la communauté] fassions plus d’efforts dans le sens d’aller vers une offre de bureau standardisée, qui tournera sur toutes les variantes du système d’exploitation. Je suis personnellement très embêté de voir à quel point ce degré de fragmentation a freiné Linux sur le desktop », a-t-il déclaré à ce propos.
En 2013, Miguel Icaza – l’un des pionniers de l’écosystème Linux avec ses travaux sur le bureau GNOME – s’est appuyé sur un argumentaire similaire pour justifier l’abandon de Linux au profit de Mac. « Pour moi, la fragmentation de Linux en tant que plateforme, la multiplicité de distributions incompatibles et les incompatibilités entre versions de la même distribution font que Linux est comparable à la catastrophe de Chernobyl sur le desktop », avait-il lancé.
Source : Datatilsynet
Et vous ?
Pour quelles raisons pensez-vous que les solutions libres et open source qui mettent les utilisateurs plus en contrôle de divers aspects de leur écosystème continuent de peiner à s’imposer dans la filière grand public ?
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Le , par Patrick Ruiz
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