« Salut à tous ceux qui font usage de Minix. Je suis en train d’écrire un système d’exploitation (libre) (il s’agit juste d’un hobby, ce ne sera pas quelque chose du niveau de gnu) pour les clones de 386 et 486. Le projet est en gestation depuis avril et prend forme petit à petit. J’aimerais recevoir des commentaires sur les aspects que les gens aiment ou n’aiment pas dans Minix étant donné que mon système d’exploitation lui ressemble quelque peu (même organisation physique du système de fichiers – pour des raisons pratiques – entre autres). J’ai procédé au portage de bash 1.08 et de gcc 1.40 et les choses tournent plutôt bien. Ceci implique que je vais déboucher sur quelque chose de concret dans quelques mois et je voudrais savoir quelles sont les fonctionnalités dont les utilisateurs auront le plus besoin. Toutes les suggestions sont les bienvenues, mais je ne peux promettre que je les implémenterai toutes. Attention : ce système d’exploitation ne s’appuie pas sur le code Minix et son système de fichiers prend en charge les threads multiples. Il n’est pas portable et ne supportera probablement jamais rien d'autre que les disques durs AT, car c'est tout ce dont je dispose », écrivait-il alors.
À l’époque, la collecte d’avis de Linus Torvalds vient compléter un effort de démarcation d’avec Minix. En effet, contrairement au choix du professeur Tanenbaum d’asseoir Minix sur un micronoyau, Linus choisit de rester sur les bases d’Unix et adopte une structure de noyau monolithique pour son OS qui s’inspire pourtant des développements au sein de Minix. « Je pense que concevoir un noyau monolithique en 1991 est une très mauvaise idée. Estime-toi heureux de ne pas être un de mes étudiants. Tu n'obtiendrais pas une bonne note pour une telle conception », avait lancé Tanenbaum à Linus. Il y a en effet que le professeur était d’avis que l’avenir des systèmes d’exploitation repose non pas sur les noyaux monolithiques, mais sur les micronoyaux.
Une publication du musée de l’histoire de l’ordinateur dévoile des facettes additionnelles de l’histoire de Linux. De façon brossée, ce qu’il faut souligner est que le célèbre est la conséquence d’un heureux accident.
On est en 1990. Après un VIC-20 et un Sinclair QL, Linus fait l'acquisition d'un PC compatible IBM gris livré avec une version de DOS qu'il remplace par Minix (qui tenait sur 16 disquettes). À l’époque, Minix n’est pas doté d’un émulateur de terminal satisfaisant pour Linus, ce qui le pousse à concevoir un. La manœuvre l’amène à glaner une meilleure compréhension des aspects hard de son ordinateur. En effet, il est, dans le processus, contraint d’avoir une parfaite maîtrise de ce qui se passe au sein du système de fichiers ; il doit aussi arriver à mettre sur pied un pilote pour les opérations d’écriture et de lecture sur disque dur. Les contraintes imposées par la conception de cet émulateur vont donc s’avérer être le début de l’aventure Linux.
En 1991, Linus a achevé avec la mise sur pied de l’émulateur de terminal. Il s’appuie sur ce dernier pour l’exécution d’un script de numérotation automatique destiné à récupérer des flux d’informations sur les ordinateurs de son université. Le tout tourne sur le noyau Linux de l’époque et Linus est satisfait, ce, pour au moins deux raisons : il a atteint les objectifs qu’il s’était fixés et de son point de vue Linux était déjà meilleur que Minix. En fait, Linus révèle même qu’il aurait pu s’arrêter pour ces motifs parce que c’est ce qu’il avait pris l’habitude de faire dans des circonstances similaires pour d’autres projets.
C’est grâce à la survenue de ce qu’on peut qualifier d’heureux accident que le projet n’a pas été envoyé aux oubliettes. En effet, Linus se servait principalement de Linux pour accéder à son flux de nouvelles. Une mauvaise manipulation avec le script de numérotation automatique l’a amené à supprimer par inadvertance la partition Minix support de ses travaux de développement. C’est à partir de cet incident qu’il a poursuivi sur la lancée du « Linux est désormais meilleur que Minix » en mettant sur pied les programmes pour la compilation du noyau sur la plateforme elle-même. Passé cette étape, Linus s’appuyait sur Minix uniquement dans les cas où il fallait lui emprunter une nouvelle fonctionnalité.
L’ouverture du code source à la communauté a eu lieu en (1992) sous licence GPL. Depuis, le hobby s’est transformé en un énorme projet. En 2018, le dépôt du noyau Linux était composé de 61 725 fichiers pour un total de 25 584 633 lignes de code. Ceci, sans compter la documentation, les fichiers Kconfig, les assistants et utilitaires, etc. Après plus de deux décennies, le développement de Linux se poursuit de façon active. L’an passé, le projet enregistrait un total de 782 487 commits issus de plus de 19 000 auteurs. C’est dire l’engouement de la communauté autour d’une initiative dont Linus Torvalds reste l’un des contributeurs les plus fréquents. En effet, l’informaticien d’origine finlandaise a concentré à lui seul 3 % de la totalité des commits l’an dernier.
Source : Computer History Museum
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