En effet, au sens strict, Linux c’est son noyau, c’est-à-dire cette partie de l’OS qui gère les ressources de l’ordinateur et sert de pont de communication entre les différents composants (matériels et logiciels) ; c’est la partie invisible du système d’exploitation. Au sens large, parler de Linux c’est faire référence à tout système d’exploitation qui s’appuie sur ledit noyau ; c’est l’un des aspects qui fait la particularité de cet OS puisque l’utilisateur peut piquer parmi 319 déclinaisons ou distributions si l’on s’en tient à la liste des LiveCD. Pour monsieur Tout-le-Monde la panoplie de choix est déjà déroutante. Linus lui-même avoue que c’est la raison pour laquelle le système d’exploitation peine à s’imposer dans la filière desktop.
GNOME et KDE, des puissances du desktop Linux, se sont unis pour la mise sur pied d’un écosystème d’applications qui transcende les différentes distributions et crée une ouverture du marché pour tous. L’idée : remplacer les méthodes traditionnelles de fourniture d’applications de bureau Linux que sont les systèmes de gestion de paquets DEB et RPM par une approche basée sur le système de paquets Flatpak. La raison : les applications Flatpak tournent sur toutes les distributions Linux. L’approche devrait permettre de contribuer à la réduction de la fragmentation de l’écosystème pointée du doigt comme une raison de l’échec de Linux face à Windows sur le desktop.
David Plummer, un ingénieur à la retraite ayant travaillé sur le développement de Windows, propose une comparaison Windows vs Linux en analysant les deux OS sous différents aspects : convivialité, mises à jour et sécurité.
Convivialité : à part la distribution Mint, les interfaces Linux sont plutôt moches
C'est une déclaration forte, mais c'est ce que pense David Plummer. Il estime en effet que Linux proprement dit « manque d'une interface utilisateur appropriée au-delà de la ligne de commande. Cette ligne de commande peut être extrêmement puissante, en particulier si vous êtes adepte de Bash ou Zsh, entre autres, mais vous ne pouvez pas vraiment la décrire comme particulièrement conviviale » dit-il. Il ne balaie pas d'un revers de main le fait que la plupart des distributions Linux aujourd'hui sont livrées avec une interface utilisateur de bureau pour ceux qui le préfèrent. « Mais en tant que concepteur de shell moi-même, si je peux être si audacieux, elles sont généralement assez terribles », ajoute-t-il. Avant de préciser que la distribution Mint est une exception avec une interface plutôt jolie.
« Windows, en revanche, inclut par défaut une interface shell de bureau qui, si vous mettez de côté l'esthétique de conception entièrement subjective, est conçue par des professionnels, testée au regard des normes de convivialité et prend en compte les différents niveaux d'accessibilité requis par des personnes ayant des limitations différentes. En termes de convivialité, en particulier si vous incluez l'accessibilité dans cette métrique, Windows sort en tête », a-t-il statué.
À propos des mises à jour et mises à niveau : Linux l'emporte sur Windows
À propos des mises à jour, David Plummer salue le fait que les utilisateurs de Windows sont bien servis par une équipe dédiée de Windows Update chez Microsoft. Il regrette toutefois que le processus soit parfois compliqué, contrairement à celui de Linux : « Il est très facile de mettre à jour un système Linux, et même s'il n'y a pas d'équipe professionnelle pour répondre aux exploits Zero-Day, les mises à jour sortent avec une rapidité raisonnable et, dans certains cas, vous pouvez même mettre à jour le noyau sans redémarrer*», dit-il.
Bien sûr, certaines parties du noyau Linux vont nécessiter un redémarrage lors d'une mise à jour, tout comme certaines parties du système Windows. L'ex-ingénieur de Microsoft estime cependant que Windows demande beaucoup trop souvent le redémarrage du système.
Abordant le sujet des mises à niveau, il rappelle qu'elles sont généralement gratuites dans le monde open source, à moins que vous n'utilisiez une distribution prédéfinie d'un fournisseur. C'est d'ailleurs le cas chez Microsoft également : « Je ne me souviens pas de la dernière fois que Microsoft a facturé une mise à niveau de son système d'exploitation si vous n'étiez qu'un utilisateur final normal », dit-il. Néanmoins, et au regard de ce qui a été dit précédemment, il estime que Linux l'emporte sur Windows en ce qui concerne les mises à jour.
Les logiciels open source, y compris Linux, sont plus exposés aux exploits de sécurité
Il y a un courant de pensée selon lequel les logiciels open source, parce que leur code est disponible publiquement, sont moins exposés aux exploits de sécurité. Il découle de la loi de Linus, nommée en l'honneur de Linus Torvalds, et formulée par Eric S. Raymond. Celle-ci indique qu'« avec suffisamment d'yeux, tous les bugs sont superficiels » ; ou plus formellement : « avec un groupe de bêta-testeurs et de codéveloppeurs suffisamment large, presque tous les problèmes seront rapidement analysés et le correctif sera évident pour l'un d'entre eux ». Ainsi, présenter le code à une multitude de développeurs avec l'objectif d'avoir un consensus sur son acceptation est une forme simple de la revue de logiciel. La loi de Linus fait généralement partie de la philosophie de base des adeptes du mouvement open source et du logiciel libre.
Plummer ne partage pas cette philosophie. Il estime en effet que les logiciels open source sont plus ouverts aux exploits de sécurité, simplement parce que, toutes choses égales par ailleurs, il est facile de trouver des failles à exploiter dans les logiciels open source. « Je pense que c'est un peu une erreur de s'appuyer sur [la loi de Linus] », conclut-il. Il pense cependant que Linux est plus sûr. Il estime en effet que Windows est tellement populaire qu'il est une cible beaucoup plus attrayante pour les acteurs malveillants. Et en plus, la plupart des utilisateurs de Windows conservent tous les privilèges d'administrateur.
Windows vs Linux : personnalisation, documentation et communauté
David Plummer a également comparé Windows et Linux suivant d'autres critères tels que la personnalisation, la documentation et la communauté. En ce qui concerne la personnalisation, comme on peut le deviner, il est d'avis que Linux est plus personnalisable, étant donné que l'OS est open source. Il est plus facile d'ajouter de nouvelles fonctionnalités. Il suffit d'en proposer. Si Linus Torvalds et les responsables du projet estiment que la fonctionnalité proposée est nécessaire, elle sera intégrée. Sinon, il est toujours possible de créer un fork et insérer la fonctionnalité si elle est rejetée. C'est d'ailleurs ce qui passe dans la communauté. Rappelons par exemple que Debian a été forké à cause de sytemd permettant ainsi à Devuan de voir le jour. Avec Windows, l'ajout ou la suppression de fonctionnalités est plus difficile.
Pour en venir à la documentation, l'ex-ingénieur de Microsoft estime que souvent, il n'y a pas de meilleure documentation que le code source, et Linux est disponible au public. Ce qui est un avantage. Toutefois, avec MSDN, Microsoft offre une documentation de très bonne qualité. La firme de Redmond met les moyens pour payer des développeurs professionnels et auteurs afin de créer un tel contenu. Sur ce point, Windows l'emporte donc sur Linux.
Enfin, la communauté. Ici encore, David Plummer estime que Microsoft fait la différence, sur la base de l'analyse de forums IT populaires. Laquelle analyse lui a permis de découvrir que la communauté de Microsoft est plus large et plus réactive : plus de vues, des réponses plus nombreuses et plus rapides sur les questions relatives à Windows que sur celles relatives à Linux.
La vente liée : atout majeur de Windows ? Et si Linux en bénéficiait plus ?
Linux comme système d’exploitation pour un ordinateur de bureau et non Windows ? L’idée continue de faire débat et des exemples venus de pays comme l’Allemagne l’illustrent.
Avec la sortie de UOS Linux (ou Deepin Linux v20) en mars 2021, l’éditeur assure que le système d’exploitation prend en charge des processeurs de fabricants locaux comme Longsoon et Sunway. La manœuvre est destinée à s’assurer que ce dernier soit installé sur des ordinateurs dotés dudit matériel et livrés aux utilisateurs. Union Tech annonce des temps de démarrage pouvant descendre jusqu’à 30 secondes sur lesdites plateformes. En sus, le groupe annonce des partenariats avec des entreprises comme Huawei dans le but de voir le système d’exploitation installé par défaut sur ses ordinateurs portables. La stratégie vise à faire en sorte que l’OS gagne plus en popularité au niveau national ; une approche qui pourrait avoir des retombées positives pour le système d’exploitation à l’échelle globale… C’est en tout cas ce qu’espèrent les esprits derrière la manœuvre qui veulent prouver que la Chine peut aussi exporter de bons systèmes d’exploitation. D’après Union Tech, l’OS répond aux besoins quotidiens sur le desktop même s’il ne prend pas en charge de nombreux logiciels professionnels. Son adoption en Chine se fera dans le cadre d’un processus progressif.
On peut le voir comme une conséquence de la guerre économique entre les USA et la Chine: Lenovo n’a de cesse d’embrasser Linux. De façon historique, Lenovo a toujours certifié uniquement certains produits avec un sous-ensemble limité de configurations matérielles pour les utilisateurs qui déploient Linux sur un ordinateur de bureau ou un poste de travail mobile. L’entreprise étend désormais son offre de certification à plusieurs modèles d’ordinateurs grand public ThinkPad X, X1, L et T: ThinkPad X13 (Intel et AMD); ThinkPad X13 Yoga ; ThinkPad X1 Extreme Gen 3; ThinkPad X1 Carbon Gen 8 ; ThinkPad X1 Yoga Gen 5; ThinkPad L14; ThinkPad L15; ThinkPad T14 (Intel et AMD); ThinkPad T14s (Intel et AMD); ThinkPad T15p; ThinkPad T1 5. Les ordinateurs de la série L viendront préinstallés avec Ubuntu 18.04. Ceux des séries X et X1 sortiront des maisons Lenovo avec Ubuntu 20.04 LTS préinstallé.
L’offre concerne également les stations de travail ThinkPad P et ThinkStation : ThinkPad P15s ; ThinkPad P15v; ThinkPad P15 ; ThinkPad P17 ; ThinkPad P14s ; ThinkPad P1 Gen 3 ; ThinkStation P340 ; ThinkStation P340 Tiny ; ThinkStation P520c ; ThinkStation P520 ; ThinkStation P720 ; ThinkStation P920 ; ThinkStation P620. Celles-ci viennent équipées de Linux Ubuntu 20.04 LTS préinstallé. Lenovo devrait poursuivre avec la manœuvre pour d’autres modèles. En effet, cette extension fait suite à l’annonce de l’atterrissage d’une certification Linux sur sa gamme entière d’ordinateurs ThinkPad P et ThinkStation. Dans le cadre de cette initiative, l’entreprise se veut claire : il s’agit de donner le choix entre Ubuntu et RedHat pour chaque modèle ou configuration.
L'édition 2020 du Dell XPS 13 pour les développeurs est disponible pour un peu plus de 1000 dollars. Nouveauté : la certification Linux Ubuntu 20.04 LTS fruit du partenariat de longue date entre Canonical et Dell dans le cadre du projet Sputnik. Ainsi, l’entreprise américaine est avec Lenovo parmi les rares sur le marché à faire des incursions sur le terrain du matériel livré avec Linux préinstallé. Il se dit que c’est un préalable nécessaire pour que le célèbre système d’exploitation open source espère battre la famille des OS Windows dans la filière des ordinateurs de bureau. Le temps nous dira si ce dernier est suffisant pour que Linux devienne le champion sur le desktop.
Source : OpenSUSE
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