
Ce qui pourrait conduire à une fragmentation de l'écosystème entre les habitués du C et ceux du Rust
Les principaux mainteneurs du noyau Linux sont des habitués du langage C dont l’âge commence par le chiffre 5. Certains se rapprochent même de la soixantaine. La retraite s’approche à grands pas pour ceux-ci et en particulier pour Linus Torvalds qui continue d’assurer la gouvernance du noyau Linux en solitaire. Aucun plan de succession n’est prévu après son départ. La situation est de nature à accentuer la fragmentation de l’écosystème connue comme étant l’une des raisons de l’échec de Linux face à Windows dans la filière des ordinateurs de bureau.
La gouvernance du noyau Linux est assurée principalement par Linus Torvalds. Il supervise les contributions de nombreux développeurs du monde entier, prend les décisions techniques finales et maintient la version mainline ou vanilla du noyau. Les distributions Linux intègrent ce noyau de base, parfois avec leurs propres modifications et ajouts. Linus Torvalds dans la communauté Linux est le dictateur bienveillant comme en témoigne encore le récent rejet par ce dernier de correctifs pour l'architecture RISC-V en raison de leur soumission tardive et de leur mauvaise qualité.
« Non pas parce qu'il s'agit d'une démocratie où les gens pourront procéder à un vote et où il y aurait un vainqueur clair, mais parce que ces choses se produisent de façon naturelle », déclare-t-il dans le cadre d’un entretien. En d’autres termes, Linus Torvalds n’envisage pas de peser de son poids aux fins de désignation d’un successeur.
Le départ de Linus Torvalds est de nature à renforcer la fragmentation de l’écosystème
En effet, après plus de 30 ans d’existence du noyau Linux, le Rust a été admis comme deuxième langage aux côtés du C pour le développement du noyau. Dans une récente discussion au sein de la communauté du noyau Linux, Linus Torvalds a clarifié sa position concernant l'intégration du code Rust dans le noyau, en réponse aux objections de certains mainteneurs. Ce dernier est d’avis que les mainteneurs ne seront pas contraints d'interagir avec du code Rust s'ils n'en voient pas l’utilité. Cependant, cela ne signifie pas qu'ils ont le droit de bloquer son intégration dans des domaines où il est jugé bénéfique. Cette intervention fait suite aux préoccupations exprimées par Christoph Hellwig, un développeur influent du noyau, qui s'oppose à l'utilisation de Rust aux côtés du C traditionnel. Hellwig est d’avis que l'introduction de Rust entraînerait une fragmentation et des directives de langage ambiguës, imposant une charge supplémentaire aux mainteneurs. Des rapports font en sus état de ce que Torvalds aurait indiqué en privé son intention de fusionner du code Rust, même en cas d'opposition de la part des mainteneurs concernés.
C’est l’image de dictateur bienveillant qui refait une fois de plus surface et, avec elle, un nouvel aperçu de la place charnière de Linus Torvalds dans cette communauté. Tel un juge suprême, il arbitre le conflit entre habitués du langage C et les nouveaux mainteneurs qui penchent pour le Rust. La question du devenir de la communauté se pose donc dans le cas de figure de son absence dont l’âge de la retraite fera une réalité.
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